La transformation de cette résidence d’Outremont fut conçue pour une famille de quatre. Retrouvant leur vieille maison après s’être expatriés 7 ans au Moyen-Orient, ils confient à L’Abri le mandat de la redessiner. La famille cherche à moderniser les lieux et ouvrir les espaces tout en harmonisant le projet contemporain au caractère d’époque de la résidence.
La démolition de deux murs porteurs et l’agrandissement des ouvertures côté jardin sert de prémisse au nouvel aménagement. Ce geste libère le plan et engendre une nouvelle perspective traversante de l’espace : autrefois sombres et fermés, les espaces de vie du rez-de-chaussée s’ouvrent maintenant en enfilade, du salon avant jusqu’à la cours. L’orientation plein sud de la grande porte coulissante donnant sur la terrasse baigne l’ensemble de l’étage de lumière naturelle.
À l’arrière, la cuisine est réorientée afin de concentrer les rangements du côté mitoyen du bâtiment. L’évier fait face au jardin. Sous la fenêtre, le comptoir se retourne en coin vers les rangements hauts qui jouxtent le bloc de la salle d’eau. Le bleu anthracite des armoires laquées dirige le mouvement de la cuisine. Les cabinets immaculés du murs et de l’îlot central se détachent de l’accent de couleur. Portée sur une fine structure d’acier, la grande pièce de béton de l’îlot flotte dans le plan ouvert, ponctué également par la colonne d’acier, au croisement des anciens murs porteurs. Au-dessus de l’îlot, le long luminaire suit le profilé de la base d’acier. Opposée à la zone de travail, une simple banquette et quelques tablettes encadrent un petit espace de détente donnant sur l’extérieur. Le bois apparent des tranches accentue l’irrégularité des lignes ; jeu d’asymétrie repris en face par les façades coulissantes des cabinets muraux. Le dosseret de verre s'efface et complète la composition minimaliste.
La rupture entre l’intervention contemporaine et les pièces d’origines est traité sobrement. Les tonalités neutres de la laque et du béton brut mettent en valeur la chaleur du plancher de chêne et des boiseries. Le traitement des détails adoucit la transition de l’existant au moderne ; le blanc pur atténue le geste nette de coupure dans le mur d’origine entre la salle à manger et la salle d’eau.
L’intervention se poursuit à l’étage avec l’ajout d’une salle de bain pour les enfants immédiatement au dessus de la salle d’eau du rez-de-chaussée. Le bloc de dimensions minimales s’insère de justesse entre le passage et le mur mitoyen. Ceinturé par un bandeau de verre et une plinthe en retrait, son volume se détache de l’existant. Plutôt que d’obstruer l’espace, il le structure ; délimitant un nouvel espace bureau à l’arrière. À l’intérieur, l’étrange petite boite révèle une salle de bain confortable et généreusement éclairée. Une mosaïque blanche enveloppe la pièce. Seules les lignes du verre, des tranches de bois, et de la tablette d’acier noire brisent la monochromie des surfaces. Contraste complété par l’insertion de céramique au plancher, épelant l’initiale des prénoms des enfants en alphabet grec.